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Conseils : Généralités - La méthode de dissertation - Le commentaire de texte

La Méthode de la dissertation de philosophie

N.B. Les sujets de dissertation ont toujours la forme d'une question.


1ère étape : ANALYSE DU SUJET

Il faut déterminer tout d'abord quels peuvent être les sens de la question ; il peut y en avoir plusieurs ! Souvent, le langage est équivoque. En philosophie, on doit commencer par clarifier le sens ou les sens de la question. Ne pas se précipiter pour répondre ! Et, ne pas repérer les multiples sens de la question, cela revient à ne traiter qu'une partie de la question. Cela ne veut pas dire que tous les sens soient forcément pertinents.
En principe, la question posée est complexe ; la réponse ne va pas de soi. Il faut se méfier des sujets dont la question appelle une réponse trop rapide ou trop évidente. Il s'agit en général d'une apparence.

A titre d'exemple, consultez le sujet suivant : L'idée d'inconscient exclue-t-elle l'idée de liberté ?

 

2è étape : COMPOSITION DU DEVOIR

I. INTRODUCTION

1) Introduire l'introduction :

En principe, votre devoir ne devrait pas commencer immédiatement par le sujet. On ne devrait pas commencer d'emblée par poser l'énoncé de la question. Mais, il faudrait plutôt introduire le sujet ; on conduit progressivement le lecteur jusqu'au sujet en partant d'une considération générale, d'un cas particulier, d'une anecdote. L'objectif est de poser le problème d'une façon qui soit justifiée. L'introduction a pour fonction d'expliquer à votre lecteur quel sujet vous traitez et pour quelle raison. Il faut lui indiquer ce qui, au fond, fait l'importance de ce sujet ? Qu'y a-t-il dans ce sujet qui vous paraisse essentiel ? Autrement dit, introduire le sujet, c'est trouver une raison qui justifie que l'on en vienne à étudier le sujet proposé. C'est trouver sa raison d'être au sujet.
J'ai toujours pensé qu'un sujet ne devient vraiment intéressant qu'à partir du moment où l'on a repéré en lui un enjeu essentiel, on pourrait presque dire un enjeu existentiel. Alors demandez-vous en quoi le sujet soulève un problème important pour vous et pour tout homme !

2) Commencer par le sujet ?

Reprendre le sujet dans son intégralité ; ce n'est pas une absolue nécessité. Mais en citant intégralement le sujet, on donne au lecteur tous les termes du sujet. Expliquez soigneusement le sens du sujet. Mettez bien en valeur ce qui est important dans la question.
Ceci revient à délimiter le champ de votre investigation.
Souvent, les enseignants insistent sur le fait que l'on doit prendre en compte tous les termes du sujet ; il leur arrive de dire aussi qu'il importe de définir chaque terme du sujet. C'est vrai en un certain sens mais cela ne veut pas dire qu'il faille définir chacun des termes indépendamment du contexte ! Cela n'a aucun sens !!! Bien au contraire, on attend de vous que vous définissiez les termes en fonction de leur contexte c'est-à-dire en fonction de l'intitulé du sujet. Et comme tous les termes n'ont pas la même importance, il faut donc accorder davantage de temps et de soin aux termes essentiels du sujet !

Définir les mots du sujet les uns après les autres et les uns indépendamment des autres...comme s'il s'agissait d'un lexique de termes sans aucun rapport ne présente aucun intérêt !!!

3) La problématique :

La problématique, ce n'est pas simplement la reformulation du sujet !
La problématique n'est pas donnée dans le sujet ; il faut la trouver ! On la trouve à partir de l'analyse des différents sens du sujet.
En particulier, c'est en confrontant les différents sens du sujet que peut apparaître un problème ou encore une sorte de paradoxe qui rend apparemment le sujet insoluble.

4) Faut-il annoncer les parties du plan ?

Tous les enseignants ne sont pas du même avis sur ce point. Je pense que ce n'est pas indispensable. Le risque, c'est d'annoncer le plan avec maladresse : "dans un premier temps, nous... puis dans une deuxième temps, nous verrons que... Enfin, dans une dernière partie, nous dirons que..." Non seulement, cette façon de faire est maladroite du point de vue du style mais elle enlève tout effet de surprise au lecteur...dans le meilleur des cas ! Car il arrive aussi que certains élèves changent d'idée au cours de la rédaction et les parties du devoir ne correspondent plus alors aux parties annoncées. C'est assez ennuyeux.

II. DEVELOPPEMENT

Il existe plusieurs façons de construire son développement. En règle générale, il est préférable de faire un devoir en 3 parties.

La règle des 3 parties est héritée de la tradition hégélienne. On évoque souvent la structure de la thèse, antithèse et synthèse pour rendre compte de la progression "dialectique" ; on entend aussi parfois cette idée fausse selon laquelle ce type de plan serait équivalent à oui, non et peut-être ou encore noir, blanc et gris. C'est en réalité d'autre chose qu'il s'agit.
L'antithèse n'est pas simplement la critique de la thèse ou encore sa négation mais c'est l'examen d'un nouveau point de vue , d'une nouvelle thèse même si celle-ci survient à l'issue de l'abandon de la thèse. En effet, Hegel propose d'examiner une thèse... jusqu'au bout . Si l'on va au bout de cette thèse quelle qu'elle soit, elle finira par buter sur des invraisemblances : elle se désagrège. Dès lors, on passe à l'examen de la thèse radicalement contraire (l'antithèse car si la thèse est fausse donc l'antithèse doit être vraie... par exemple : s'il ne fait pas jour, c'est donc qu'il fait nuit ! Une fois de plus on pousse l'examen de cette autre thèse jusqu'à son extrême limite et elle finit par buter sur une impossibilité : elle se désagrège.
Donc ni la thèse, ni l'antithèse ne résistent à l'examen. Pourtant, en changeant d'angle ou de point de vue, on s'aperçoit que la thèse et l'antithèse nous paraissaient recevables en vertu d'un caractère commun.

Tout ceci est très abstrait : le plus simple c'est encore de voir avec une dissertation !

Si l'on ne parvient pas à adopter le plan dialectique, on peut opter faute de mieux pour l'un des deux plans suivants :

1er type de développement :

1ère partie : Présentez le point de vue de l'opinion
Présenter l'opinion commune c'est-à-dire ce que tout le monde pense.
Expliquer aussi clairement et précisément que possible cette opinion
Montrez ce qu'elle a éventuellement de défendable
(ou bien ce qu'elle sous-entend, ce qu'il y a d'implicite)

2è partie : Faites la critique de l'opinion - (en bon platoncien)
Montrez de façon détaillée les limites de l'opinion c'est-à-dire ce qu'elle a de simpliste.
Tirez les conséquences de cette critique.

3è partie : Proposez un sens plus précis en vous appuyant sur votre critique
A l'aide de la critique, essayez de proposer une rectification du sens des concepts
et essayez de rechercher une nouvelle voie toujours grâce à votre critique
et voyez où cela vous mène.
Procédez avec méticulosité !

2è type de développement : (Conseillée par François Dagognet à ses élèves)

1ère partie : Présentez une conception qui n'est pas la vôtre (Faites-vous "l'avocat du diable").

2è partie : Faites la critique détaillée de cette conception (montrez précisément pourquoi cette conception ne vous paraît pas bonne).

3è partie : Présentez votre conception (celle que vous serez en principe capable de défendre le mieux).


Précision supplémentaire concernant la 3è partie :

Peut on dire 'je' dans la 3è partie puisqu'il s'agit de notre conception ?
En général, il vaut mieux éviter le "je" parce que cela laisse supposer qu'il s'agit d'un "je" strictement personnel, un point de vue subjectif. Ou encore parce que cela vous incite souvent à glisser au moment de la rédaction vers l'expression d'un point de vue strictement personnel.

Or, on attend de vous une argumentation relativement objective ! L'emploi du "je" est acceptable seulement lorsque ce "je" a une portée relativement universelle, autrement dit lorsque ce "je" n'exprime pas simplement un point de vue strictement personnel mais plutôt une expérience que tout le monde peut faire.
Je ne sais pas si je suis suffisamment clair ?

[Je suppose que votre professeur a évoqué la notion de subjectivité chez Kant. Kant montre qu'il y a une dimension de la subjectivité qui n'est pas strictement personnelle à chaque individu dans la mesure où nous sommes tous dotés de cette subjectivité et qu'elle est constitutive de notre façon de penser. Il y a donc une universalité de la subjectivité ! Du coup, un point de vue subjectif n'est pas automatiquement un point de vue singulier, éventuellement arbitraire !]

Il vaut donc mieux éviter de commencer par "je" ou de souligner qu'il s'agit de votre conception. Ce qui importe surtout, c'est de montrer que la conception que vous exposez dans la dernière partie s'impose comme la plus cohérente après avoir examiné les deux autres dans les parties qui précèdent. Il faut donc plutôt insister sur la nécessité qu'il y a d'aboutir à la 3è conception.
Or il se trouve accessoirement que cette conception est aussi la vôtre et par conséquent que vous devriez être bien armé pour la défendre.



III. CONCLUSION

Tirez la leçon de votre réflexion par rapport au problème particulier qui vous était proposé.
Posez-vous explicitement la question : "quelle leçon peut-on tirer du développement ?"
Dégagez la portée de votre réflexion par rapport à un cadre plus général.

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